• La finale 2006 de l'Eurovision est remportée par un groupe d'orques finlandais tout droit sortis des entrailles du Mordor. Pendant ce temps-là, la France et sa prestation formatée France 3 finissent 22e sur 24... Sous les commentaires ébahis de Michel Drucker et Claudi Siar. Et s'il était temps d'ouvrir les yeux sur le monde?



    1977... Date de la dernière victoire de la France au concours Eurovision. Le 20 mai 2006, à Athènes, Michel Drucker et Claudi Siar, chargés de commenter la finale du concours européen de la chanson sur France 3, semblent croire à la candidature française. A minima, ils font leur travail, en faisant semblant d'y croire... Logique chauvine, protectionnisme culturel, caressage d'audience dans le sens du poil. Dans une envolée d'enthousiasme ardent, Claudi Siar se laisse même aller à espérer que Virginie Pouchain, l'heureuse élue chargée de représenter la France, finira dans les cinq premiers, «pour clouer le bec aux détracteurs de Corneille et de Pascal Sevran». La candidate française a en effet été repérée par l'animateur de feue "La chance aux chansons", puis élue par les téléspectateurs de France 3 parmi une sélection d'une vingtaine d'autres candidats, et elle interprète une chanson écrite par Corneille.Tour d'Europe en chansons.

    Aux alentours de 21h, le concours commence; la Suisse ouvre le bal. Les prestations, du très classique au franchement original, s'enchaînent. Parmi les performances qui sortent des sentiers battus de la pop gentille et de la variété un peu kitsch dite «style Eurovision», par niveau d'audace croissant, on note les cow-boys allemands, le rap mêlé de choeurs féminins du Royaume-Uni, le déjanté et fort rafraîchissant We are the winners (of Eurovision) de la Lituanie (qui se venge ainsi de son zéro pointé de l'édition 2005), et enfin le ténébreux Hard Rock Hallelujah du groupe de heavy metal finlandais Lordi.


    Particularité de ce dernier candidat, outre son style musical encore jamais vu sur une scène de l'Eurovision, les membres du groupe semblent tout droit sortis des entrailles du Mordor. Le chanteur est une sorte d'orque de deux mètres, arborant un microphone-hache de combat, et portant des genouillères représentant des crânes dont les yeux s'allument en rouge. Commentaire condescendant de Michel Drucker à la fin de la prestation de Lordi: «La Finlande n'a jamais gagné l'Eurovision. Eh bien, c'est pas avec ça qu'elle va gagner!» Ouverture d'esprit et tolérance culturelle: bienvenue sur le service public façon Michel Drucker. Vingt-quatre chansons plus tard, le traditionnel tour d'Europe des résultats commence. Chacun à son tour, les représentants des bureaux de vote nationaux donnent leurs résultats. A mi-chemin, le groupe de monstres finlandais est en tête, avec une avance assez confortable sur le second; la France est dernière, ex-aequo avec Malte et Israël, avec zéro point. Les monstres venus du froid.


    Il est presque minuit quand le résultat complet et définitif est annoncé: c'est bien Lordi, le candidat le plus éloigné des sentiers battus, qui l'emporte haut la main. La France termine 22e.





    La Belle et la Bête - 127.6ko
    La Belle et la Bête


    La candidate française, Virginie Pouchain, n'a pas fait le poids face aux monstres finlandais du groupe de heavy metal Lordi.


    Michel Drucker et son acolyte sont atterrés; mais ils ne perdent pas la face.


    En bons commentateurs chargés de frotter le téléspectateur cible de la chaîne dans le sens du poil, ils sont pris au piège de leur logique initiale de chauvinisme, et de dénigrement de ce qui est différent. «Je ne sais pas s'ils vont vendre beaucoup de disques, mais en tout cas pas en France»; «Ils seront au zoo de Vincennes cet automne»...


    Sauf à admettre leurs erreurs, les deux comparses n'ont d'autre piste que de persévérer: il ne faudrait surtout pas concéder que la prestation finlandaise a été meilleure, selon le seul critère qui fait foi dans le concours, à savoir la capacité à séduire les téléspectateurs européens.


    Il ne faudrait surtout pas admettre qu'un style musical généralement exclu des canaux médiatiques grand public ait pu damer le pion à la blanche colombe envoyée par Pascal Sevran, grand manitou de la chanson dominicale sur France 2.


    Il ne faudrait surtout pas s'ouvrir, en 2006, à un courant musical qui existe depuis des années. Ce qui semble différent doit être rejeté.


    Il ne faudrait surtout pas admettre qu'un groupe d'apparence monstrueuse et repoussante puisse avoir quelque chose d'intéressant à proposer. Après tout, ce sont des monstres, ils sont laids! Avec des têtes pareilles, ils ont sûrement quelque chose à se reprocher... Dans leur vie de tous les jours, ce sont sûrement des criminels. Et s'ils étaient mentalement dérangés?


    Dans une interview donnée après sa victoire, le groupe Lordi déclare: «Pour la millionième fois, nous ne sommes ni des satanistes, ni des adorateurs du diable. C'est du divertissement. Les masques sont comme notre carte de visite et on ne jouera jamais sur scène sans eux. Ce serait comme le Père Noël qui offre ses cadeaux à un enfant, puis qui enlèverait sa barbe en disant + Au fait, je suis ton père... +»


    Pour Michel Drucker et ses fidèles, c'est gentil d'avoir précisé: sur une chaîne du service public de la République française, on n'est en effet pas capables d'aller au-delà des apparences. La différence est une tare, et il est préférable de se moquer plutôt que de chercher à comprendre ce que l'autre cherche à faire ou à dire. Heureusement, un peu plus tôt dans la soirée, Michel Drucker nous avait rassuré sur son ouverture d'esprit: «Sur le service public on aime la culture, d'ailleurs ce matin nous avons visité l'Acropole...» Ouf! Un peu plus et on rangeait Michel Drucker dans la case des présentateurs totalement dépassés par les évolutions artistiques et culturelles modernes. «C'est du divertissement». Au-delà des commentaires puérils des deux présentateurs (commentaires qui ont tout de même généré une pétition de protestation qui a déjà récolté plus de 8500 signatures, moins de 48 heures après les faits), c'est toute l'attitude collective d'un système qui est à déplorer. Un système français incapable de se remettre en question; une machine à perdre tellement bien huilée et entraînée par des années de pratique qu'elle est dans l'impossibilité de voir ce qui ne va pas.


    Le divertissement... Et si c'était tout ce qui importe pour l'Eurovision? Et si ce que voulaient les téléspectateurs, seuls juges de ce qui doit gagner et perdre, c'était une chanson, une musique et une mise en scène qui les séduisent immédiatement? Quelque chose qui les entraîne dès les premières secondes, qui les scotche devant leur écran, qui leur offre un spectacle audiovisuel de trois minutes qu'ils n'auront pas oublié le lendemain matin? «C'est la victoire du rock et de l'ouverture d'esprit. C'est aussi la preuve qu'il n'y a pas que la pop et les ballades», déclare le chanteur groupe Lordi. Un monstre plus tolérant et lucide que Michel Drucker? Vous n'y pensez pas!


    Non, impossible. Pourquoi les gens voudraient-ils s'amuser? Pourquoi voudraient-ils quelque chose d'imprévisible, de hors du commun, de bizarre, d'original, de nouveau? Ne surtout pas se remettre en question. Continuer chaque année à envoyer à peu près la même chose, une ballade à texte, dans le plus pur style dit «variétés françaises» passé au filtre France 2 - France 3 tendance Pascal Sevran. Pas de rock, pas de rap, pas de ces musiques de sauvages; préférer une musique acoustique, pas de guitare électrique, ça consomme trop, et si possible pas de batterie pour ne pas réveiller tout le monde. De la sobriété, du sérieux, du traditionnel. Et surtout pas de texte en anglais. La France tient à son image, on ne rigole pas à l'Eurovision, nous. On est là pour émouvoir 150 millions de téléspectateurs, nous.


    Une étude récente réalisée auprès d'un panel de 6000 personnes par le site Internet Where Are You Now indique que les Français sont perçus comme le peuple le plus ennuyeux du monde. Démonstration réussie lors de cette 51e édition de l'Eurovision.


    Source : Agoravox




    La performance, en images!


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  • George a un peu moins le temps de faire fleurir les posts ces derniers temps, mais le coeur est toujours là.

    J'ai quelques messages sur des films que j'ai pu visionner, j'ai testé d'autres jeux, decouverts des trucs et tout et tout. Mais pas trouvé le temps de couchers tout ça sur ma ouiche.

    Bref, George est toujours là, il n'oublie pas le goût de la ouiche et attend d'avoir plus le temps d'ecrire.

    Sur ce, a bientôt!



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  • Vous voulez rire un peu (quoique certaines vidéos sont excellentes) ?

    GoogleIdol vous permettra de retrouver des personnes talentueuses ou non qui mimerons devant leur PC des chansons connues. Lorsque vous visiterez le site, vous pourrez ainsi voter pour les différents concurrents. Vous passerez ainsi un très bon moment devant votre écran à apprécier ou détester les vidéos.

    http://www.googleidol.com/index.htm


    2 commentaires
  • Pouvons-nous vivre sans nous tenir au courant de l'actualité? Non, le monde nous rattrape toujours, d'une façon ou d'une autre. Alors, regardons comment va notre société...


    Quand on ouvre les journaux, de nos jours, on ne trouve que des catastrophes: séismes, procès de pédophiles, violences urbaines...

    Nous côtoyons la mort chaque jour, nous frôlons le malheur des autres chaque fois que nous écoutons les infos de vingt heures.

    Les jeunes se suicident car ils ne croient plus en rien. Les plus âgés se suicident car ils ne croient plus en la société, voient la justice injuste.

    Des personnes tuent les gens pour se défendre, pour voler des milliers d'euros, pour un appareil photo...

    Les jeunes ont peur de l'avenir, les plus vieux ont peur que le passé se répète. Étranges paradoxes.

    Est-ce qu'on a le droit de se lever un matin et de déclarer: «C'est une belle journée», sans avoir l'air d'un monstre ignorant de l'actualité?

    En ces temps si sombres, où les faits divers prennent tant d'importance dans la société, pouvons-nous décemment nous écrier: «Vivons heureux!»?

    Bien sûr.

    Heureusement encore.

    Le temps de quelques minutes ou de quelques heures, écoutons une musique qui nous rappelle de bons souvenirs, regardons une bonne comédie au cinéma, lisons un livre digne d'un vaudeville cocasse... pour nous permettre, le lendemain, de lever la tête afin de lire de nouvelles unes où le malheur côtoie l'horreur.

    Oui,la révolution est au bout des mains, oui, l'horreur est au fond du cœur, et les blessures peuvent venir d'une bouche. Mais les mains peuvent apprendre à caresser, le cœur à aimer, les mots à soulager.

    Alors, croyons encore à notre société, malgré les vieux aigris qui répètent inlassablement que «c'est trop tard», avec une lueur triomphante dans les yeux.

    Apprenons à croire en les autres, et surtout à croire en nous-mêmes.

    source : agoravox

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